Par Nouhou Ndam, Spécialiste des Forestiere et de Paysage
La Guinée est réputée comme étant le « réservoir d’eau » de l’Afrique de l’Ouest. De nombreux fleuves et rivières, comme le Niger, le fleuve Sénégal et le fleuve Gambie, prennent leur source en Guinée et traversent ensuite une douzaine de pays. La Guinée est dotée d’une biodiversité unique en Afrique de l’Ouest, en particulier dans sa forêt dense et humide, qui constitue l’extrémité nord-ouest de la vaste forêt tropicale de Congo–Guinée. Plus de 20 nouvelles espèces végétales ont déjà été découvertes en Guinée. Dans son ensemble, le pays revendique quelque 3.000 espèces de plantes, dont 69 endémiques.
Ces 50 dernières années malheureusement, l’expansion de l’agriculture, l’extraction minière et l’exploitation non durable du bois ont causé des niveaux sans précédent de déforestation et de dégradation forestière. Ces phénomènes sont attribuables principalement à la croissance de la population, puisque cette dernière a augmenté de 200 % — passant de 4 à 12 millions — augmentant la demande et la pression sur les ressources naturelles. Par conséquent, la Guinée possède désormais moins de 444.000 hectares de forêts denses.
Sachant que la forêt ne peut pas se sauver toute seule, il est nécessaire d’établir l’importance des facteurs de déforestation, et de proposer des actions prioritaires pour endiguer ces facteurs. L’USAID, par le biais du Programme pour la Biodiversité et le Changement Climatique en Afrique de l’Ouest (WA BiCC), a soutenu une consultation des parties prenantes à l’échelle du pays avec plus de 500 principaux partenaires de toutes les régions de la Guinée. Les participants comprenaient des représentants d’institutions gouvernementales, d’entités du secteur privé, d’organisations de la société civile et des conseils. Au cours de ces échanges, les parties prenantes ont été informées du taux alarmant de la déforestation et de la perte de la biodiversité et des risques que ces deux éléments représentaient pour le bien-être des êtres humains.
Une des actions suggérées était la création de moyens d’existence durables dans les communautés tampons en lisière de la forêt dans la région de Kindia de la Guinée, grâce à la promotion de partenariats public-privé. Ceci implique le secteur forestier du gouvernement, plus de 35 communautés, la Coopérative européenne pour le développement rural (EUCORD) et La Fruitière de Daboya (CFD) œuvrant ensemble pour produire des produits alimentaires dans un meilleur environnement de forêts naturelles et d’arbres plantés. L’initiative collaborative fera la promotion de l’agroforesterie grâce à l’établissement d’espèces d’arbres diversifiées et d’une variété de manguiers et de plantes d’ananas sur 50 hectares. Pour garantir la durabilité du projet, l’attention des communautés sera appelée à maintenir la diversité des arbres quand ils sont cultivés pour en dégager un revenu. L’initiative est un pas important vers l’engagement pris dans le cadre du Défi de Bonn visant à reboiser 2 millions d’hectares de forêts d’ici 2030.
Le renforcement des capacités est au cœur de l’initiative : 25 membres des groupes de gestion forestière suivront une formation supplémentaire sur la restauration des écosystèmes naturels ; 44 producteurs travaillant actuellement avec la CFD auront une formation supplémentaire à propos de leurs rôles ; et 500 personnes suivront une formation sur les pratiques de gestion durable en matière de plantation et sur la biodiversité et la reforestation. Et tout aussi important, des membres de 2.950 ménages bénéficieront d’un soutien pour cultiver et vendre les mangues, et pour planter et prendre soin d’arbres, afin de créer un environnement propice à l’agriculture productive et à d’autres usages domestiques comme le bois de chauffage.
Compte tenu du niveau de participation montré, la réussite de ce projet est fort probable. Les réunions avec les membres communautaires ont été prévues pour suivre les plantations afin de discuter de moyens pour minimiser la perte d’arbres pendant la saison sèche. Ceci inclut le désherbage et le paillage de chaque arbre pour augmenter l’humidité à la base des arbres plantés, et le débroussaillage précoce des plantations des alentours comme mesure de protection contre les feux de brousse. Les responsables de ce projet pensent qu’ils seront prêts à planter les arbres vers le 15 juin 2020. Ce sera la modeste contribution de WA BiCC et de l’USAID à l’Initiative présidentielle nationale en faveur de la restauration des paysages forestiers de 16.000 hectares d’ici 2020.
