Les diplômés du programme de master de la CITES définissent une feuille de route pour une collaboration régionale

Les diplômés du programme de master de la CITES définissent une feuille de route pour une collaboration régionale
January 29, 2020 9:02 am Blog

par Chaz Kyser, Directeur des communications pour WA BICC

 

Le Programme pour la Biodiversité et le Changement Climatique en Afrique de l’Ouest (WA BiCC) a organisé à Accra du 23 au 24 janvier un échange fructueux sur « les informations et les enseignements de la formation et de la recherche du programme de master de la CITES en Afrique centrale et de l’Ouest ». La conférence a non seulement réussi à attirer les diplômés du programme de la CITES ayant bénéficié de l’appui de WA BiCC, mais aussi leurs collègues auprès des organes de gestion de la CITES dans la région avec lesquels le travail d’équipe mené au quotidien est un élément fondamental au succès. L’évènement était l’occasion d’échanger les expériences réussies et les défis, et d’attirer l’attention sur la capacité des diplômés et de leurs collègues à avoir ensemble une incidence réelle sur les efforts de conservation à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest, ce qui est crucial dans une région considérée comme la plaque tournante du trafic illégal des espèces sauvages.

Les 22 diplômés de la CITES étaient venus de 13 pays différents, et quatre autres n’étaient pas en mesure de participer à l’évènement. À eux tous, ils représentaient deux cohortes d’experts de la faune et de sylviculture ouest-africains (26) et centre-africains (4) qui avaient été parrainés entre 2016 et 2018 pour participer à une formation unique axée sur la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) à l’Université d’Andalousie en Espagne. Le programme de master, dont le nom officiel est « Gestion et conservation des espèces dans le commerce : le cadre international », fournit une formation spécialisée sur les bases, les techniques et les instruments scientifiques qui permettent la mise en œuvre et le respect de la CITES afin de renforcer la lutte contre le commerce illicite des espèces de faune et de flore sauvages, y compris de leurs parties. Les anciens étudiants, à présent titulaires d’un master, étaient parrainés par WA BiCC, le U.S. Fish and Wildlife Service (USFWS) et la Direction de l’environnement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Jusqu’en 2016, seul un étudiant ouest-africain du Nigeria avait suivi la formation. Michael Balinga, le Spécialiste de WA BiCC en conservation de la biodiversité, a joué un rôle actif dans le lancement de cette initiative novatrice sur les conseils d’un collègue de l’USFWS, qui a abouti à la formation de 26 étudiants ouest-africains supplémentaires ayant suivi le programme. Dans le cadre de cet effort, WA BiCC a collaboré avec le programme de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en Afrique de l’Ouest afin de garantir que les étudiants étaient en mesure de bien réussir. L’expérience a montré que, bien souvent, les étudiants sont envoyés à l’étranger pour obtenir des diplômes, puis c’est à eux de se débrouiller tout seuls. Ici, un nouveau précédent a été créé grâce à une subvention octroyée à l’UICN. Les étudiants ont bénéficié de ressources supplémentaires, incluant des superviseurs officiels, un financement initial pour la recherche de leur thèse et un mentorat par des spécialistes en la matière. Des interprètes étaient aussi à disposition pour les étudiants francophones, chose qui n’avait jamais été faite auparavant dans le cadre de ce programme que l’université accueille depuis 23 ans.

Un homme tenant un microphone
Michael Balinga- Spécialiste de la conservation de la biodiversité pour WA BiCC.

 

« Non seulement nous disposons désormais d’une bibliothèque d’informations sur des sujets liés à la CITES, mais aussi d’un cadre d’experts pour coordonner ou appuyer les divers processus de renforcement des capacités, d’élaboration et d’application de politiques qui nous permettront d’aller de l’avant, » a souligné Balinga.

Outre les diplômés, des points focaux de la CITES et des représentants de l’UICN, de la CEDEAO, de l’USFWS et de l’USAID/Afrique de l’Ouest ont participé à l’évènement qui se tenait à l’hôtel Holiday Inn et était facilité par Emelia Arthur.

Au cours des deux jours, les diplômés ont abordé l’impact énorme que ce programme de la CITES mené à bien avaient eu à la fois sur leurs vies professionnelles et personnelles. Même s’ils travaillaient déjà d’une certaine manière dans le domaine de la conservation, ce qui était l’un des critères de sélection pour pouvoir s’inscrire au programme, le programme de master leur a procuré une expertise et des compétences supplémentaires pour devenir des chefs de file pour la mise en œuvre effective de la CITES en Afrique de l’Ouest.

« Dans 5 ans, je me vois être l’une des meilleures championnes de la CITES que mon pays, le Ghana, ait jamais eue… veillant à ce que les actions de sensibilisation soient optimales et faisant campagne pour que la législation de la CITES soit adoptée au parlement afin que le Ghana passe de la catégorie 3 à 1 en ce qui concerne la législation de la CITES », expliquait Mercy Koomson, une diplômée de 2018 du programme de la CITES, et responsable de la faune à l’aéroport international Kotoka au Ghana, mentionnant l’échelle utilisée pour évaluer la conformité à la CITES, 1 étant le mieux.

Bintu Sia Foray-Musa qui a obtenu son diplôme en 2016 et occupe les fonctions de Responsable de la conservation auprès de l’Autorité des aires protégées de Sierra Leone, espère aussi être un agent du changement « à la tête d’une équipe spécialisée de professionnels avides et passionnés pour mener la lutte contre le trafic des espèces sauvages dans la sous-région ».

D’autres objectifs de l’évènement visaient à déterminer les processus et les produits de la recherche menée par les étudiants de la CITES et à se mettre d’accord sur les étapes suivantes que devront franchir les diplômés et les autres professionnels de la conservation alors que le programme WA BiCC tire à sa fin.

Les sessions/faits saillants principaux de l’atelier incluaient les présentations d’un document de référence, synthèse de toutes les thèses réalisées au cours des 4 dernières années et organisé suivant les domaines thématiques prioritaires. Puis, les participants ont parlé de leurs propres points de vue et expériences. D’autres discussions portaient sur le travail que les diplômés faisaient dans le cadre de leur profession depuis qu’ils avaient achevé le programme ; le statut actuel de la CITES dans la région et le besoin urgent d’un réseau de diplômés et de leurs pairs pour maintenir un flux d’informations sur les bonnes pratiques, les approches émergentes et les nouvelles menaces.

Un groupe de personnes assises
Discussion de groupe.

 

Étant donné l’enthousiasme pour un tel réseau, provisoirement appelé le « Réseau d’experts de la CITES en Afrique de l’Ouest », le programme pourrait bel et bien être le début d’une collaboration durable entre ces diplômés devenus chefs de file dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages et dans l’engagement pour la conservation.

« Je trouve l’idée d’un réseau régional d’experts de la CITES très attrayante et je pense que ce groupe pourrait devenir extrêmement efficace », a remarqué Yula Kapetanakos, Analyste principale en matière de Lutte contre le trafic des espèces sauvages pour l’USFWS. « Il pourrait tirer parti d’une expertise plus vaste, de ressources financières plus nombreuses, d’un partage des connaissances plus étendu et, à terme, donner lieu à un succès solide des efforts de conservation. »

Les diplômés et les parties prenantes clés ont félicité WA BiCC pour avoir organisé cet évènement.

« Cet atelier était le cadre voulu pour l’échange et la mise en commun d’expériences entre les étudiants, leurs superviseurs, WA BiCC et les partenaires », a déclaré Senyi Abdoul-Aziz, nigérien diplômé de 2016, qui occupe les fonctions de Responsable des programmes auprès de la Direction de la faune, de la chasse, des parcs et des réserves du Niger.

Timothy Daniel John, un diplômé de 2018 de la CITES, Directeur de la faune et, à présent, le Point focal de la CITES pour le Nigeria est du même avis.

 

« Ce que j’ai le plus apprécié dans cet atelier est le fait que les participants se passionnaient réellement pour la profession qu’ils exerçaient dans leurs divers pays. Vous le voyiez par l’attention soutenue, les contributions intelligentes et les diplômés qui proposaient des idées sur la manière de faire progresser les travaux », a dit John.

 

Un message essentiel souligné par les partenaires et les donateurs concernait l’impact durable que les diplômés de la CITES sont susceptibles de laisser en Afrique de l’Ouest et au-delà. Daniel Moore, Directeur de la mission de l’USAID en Afrique de l’Ouest, les a appelés « la génération actuelle de chasseurs des crimes liés aux espèces sauvages et agents de l’application de la législation de la CITES ».

Lors de son allocution de clôture sur la conférence, Arsene Sanon de l’UICN, Coordinateur régional par intérim pour le Programme des aires protégées et de la biodiversité, a repris cette idée.

« Je souhaite voir ces champions motivés et pleins de courage dans leurs propres pays. Si nous disposons déjà d’un tel arsenal, 50 pour cent de nos problèmes sont résolus, » a-t-il dit.

Un groupe de personnes qui parlent
Les participants conversent à l’atelier