On ne saurait nier la poussée récente de l’urbanisation le long du littoral de l’Afrique de l’Ouest : environ 70 % des centres urbains et économiques se trouvent désormais le long de la côte. La croissance des populations exerce une pression considérable sur les ressources naturelles de la région, et on s’attend à ce que les impacts soient encore intensifiés par l’urbanisation, le développement, l’expansion des ports tout le long de la côte, et même dans certains cas, le développement touristique. Même si cette croissance et cette expansion côtières reflètent les tendances mondiales liées à la migration et au commerce, il ne fait aucun doute qu’elles doivent être gérées de manière à concilier la croissance et la prospérité avec la conservation de la nature. Dans le cas contraire, les avantages économiques et sociaux ne seront qu’éphémères tandis que les protections naturelles sont littéralement brûlés, dégagées ou emportées par les eaux.
Afin d’aborder les mesures pour relever ces défis, la Convention d’Abidjan et le programme pour la Biodiversité et le Changement Climatique en Afrique de l’Ouest (WA BiCC) ont organisé un événement en parallèle de la 13ème Conférence des Parties à la Convention de Ramsar le 26 octobre. L’événement, intitulé Perspectives de l’Afrique de l’Ouest sur les zones humides et l’urbanisation, cherchait à partager les leçons, les expériences et les pratiques résultant de trois ans de collaboration, dont les travaux sur le terrain. Le Secrétaire exécutif de la Convention d’Abidjan, Abou Bamba, a animé l’événement, dirigeant un panel constitué de spécialistes de la Résilience côtière, de l’adaptation et de la conservation de la biodiversité de WA BiCC et du directeur du Partenariat régional pour la conservation de la zone côtière et marine (PRCM), Ahmed Senhoury.
Cet événement parallèle a été l’occasion d’illustrer comment WA BiCC met en œuvre la théorie du changement (Toc) de l’USAID/Afrique de l’Ouest, afin de déterminer, d’informer et de rendre explicite la relation entre la recherche, la pratique et la politique concernant la gestion des ressources naturelles dans l’ensemble et à travers différentes échelles, depuis le niveau local au niveau national, et du paysage au niveau régional. Cette démarche soutient les activités de WA BiCC et se trouve au cœur même de sa gestion des connaissances et de son approche d’apprentissage.
Au début de l’événement, Anada Tiega, spécialiste de la Résilience côtière et de l’adaptation à WA BiCC, a donné un aperçu de cette approche intégrée à l’égard des questions auxquelles sont confrontées les forêts des hautes terres et les zones humides dans ces zones. Il a établi le besoin de collaboration avec les partenaires régionaux comme la CEDEAO et la Convention d’Abidjan. Anada a aussi expliqué comment le Modèle de situation de WA BiCC 1) s’applique aux Protocoles de la Convention d’Abidjan, 2) saisit la complexité des interactions entre toutes les composantes de WA BiCC et 3) souligne la nécessité de générer, d’identifier et de communiquer avec efficacité les leçons apprises pour influencer un changement durable.
Utilisant les Objectifs du Protocole de la gestion intégrée de la zone côtière de la Convention d’Abidjan, Anada a cartographié les processus régionaux et nationaux essentiels et les acteurs travaillant en partenariat avec WA BiCC qui sont importants pour la mise en œuvre du programme mondial dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) de l’Assemblée des Nations Unies. Le travail de WA BiCC contribue directement aux ODD 3, 6, 11, 14 et 17 qui sont, respectivement, Bonne santé et bien-être, Eau propre et assainissement, Villes et communautés durables, Vie aquatique et Partenariat pour la réalisation des objectifs.
- Tiega a parlé du soutien de WA BiCC aux Protocoles de la Convention d’Abidjan sur la Gestion intégrée des zones côtières et la Gestion durable de la mangrove, et de la valeur qu’ils ajoutent aux programmes prévus et en cours et aux projets à la recherche d’approches et de solutions durables aux défis de l’urbanisation côtière.
Michael Balinga, spécialiste de la Conservation de la biodiversité à WA BiCC, a présenté le Partenariat d’Abidjan sur la faune aquatique à titre d’exemple, montrant que les partenariats collaboratifs peuvent accomplir davantage ensemble que s’ils travaillent de façon isolée, étant donné l’ampleur des défis. Le partenariat est une collaboration entre la Convention d’Abidjan, OceanCare, Wild Migration et WA BiCC. Il cherche à employer une approche coordonnée pour conserver les espèces aquatiques menacées et en danger d’extinction, dont le nombre atteint 41, ne serait-ce qu’en Afrique de l’Ouest. L’urbanisation représente une menace supplémentaire auxquelles ces espèces doivent faire face, en réduisant ou détruisant complètement les habitats et les frayères en diminution, et en rendant les espèces plus vulnérables aux braconniers qui cherchent à faire le trafic de plusieurs de ces espèces, dont la tortue marine, sur le marché international. Le manque de personnes pour faire appliquer ce qui sont souvent des politiques de protection viables est un élément essentiel du déclin des espèces. Dans d’autres cas, ces politiques doivent être développées ou renforcées et garantir que les protocoles de l’application de la législation sont strictement appliqués. À cette fin, l’une des principales missions du partenariat est d’augmenter la capacité régionale et institutionnelle pour conjurer les menaces envers les espèces aquatiques et leurs habitats, et sensibiliser à ces questions tout en offrant des solutions pratiques, bien que difficiles.
Michael a dit, « Nous devons augmenter les connaissances et la sensibilisation du public et des communautés locales concernant la situation de ces espèces et le fait qu’elles sont protégées par la loi. Nous devons travailler avec eux afin de déterminer des pratiques durables et des alternatives. Et surtout, nous devons augmenter les ressources disponibles pour renforcer la résilience de ces communautés côtières. »
Zebedee Njisuh, directeur du Complexe du paysage côtier de Sierra Leone à WA BiCC, a présenté des expériences tirées du travail avec des communautés côtières au sein des paysages, afin d’accroître leur résilience aux effets du changement climatique. Outre le fait d’examiner comment les zones peuvent s’adapter aux impacts inévitables (et constants), WA BiCC œuvre avec les communautés afin d’atténuer les impacts potentiels par le biais d’interventions incluant la restauration de la mangrove, la construction de digues en utilisant des matériaux de provenance locale et facilement disponibles, et l’agrosylviculture. Parallèlement à ces interventions, des campagnes de communication pour modifier le comportement sont organisées afin de sensibiliser davantage les membres des communautés susceptibles d’influencer le changement de manière positive et l’adoption de pratiques plus efficaces adaptées au climat changeant d’aujourd’hui.
Le directeur du Partenariat régional pour la conservation de la zone côtière et marine (PRCM), Ahmed Senhoury, a communiqué les faits saillants des travaux du PRCM et de la collaboration avec WA BiCC et la Convention d’Abidjan. Il a expliqué comment le PRCM avait travaillé avec WA BiCC et la Convention d’Abidjan afin de développer une approche intégrée à la gestion des zones côtières, de partager les informations sur la nature fondamentale de la Charte des mangroves pour l’élaboration du nouveau Protocole pour la Gestion durable des mangroves avancé par la Convention d’Abidjan.
À la suite des présentations, un débat informatif et constructif s’est déroulé, avec des commentaires et des questions soulevés par des représentants du Secrétariat de la Convention de Ramsar, de l’Ouganda, de la Sierra Leone, du Liberia, du Gabon, du Maroc et de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), entre autres. Les recommandations proposées comprenaient :
- Établir un mécanisme central pour collecter, stocker et disséminer les informations essentielles afin de soutenir l’action collective sur la conservation et l’utilisation durable des zones humides de l’intérieur avec leurs bassins versants, leurs ressources côtières et marines pour le bénéfice de la population. Ce mécanisme pourrait être établi en finalisant et rendant opérationnel le Centre des ressources de la Convention d’Abidjan.
- Utiliser les mécanismes existants en vertu de la Convention de Ramsar, comme l’« Accréditation de la ville », pour reconnaître et encourager une planification urbaine saine appuyant à la fois le développement urbain et la conservation de l’environnement. Ce mécanisme fournit des possibilités d’image de marque pour les villes qui font preuve d’une relation solide et positive avec les zones humides urbaines et péri-urbaines.
- Encourager la Convention d’Abidjan et la Convention de Ramsar à signer un protocole d’accord pour soutenir leurs intérêts mutuels et encourager leurs Parties contractantes à mettre en œuvre les deux conventions.
Dans l’ensemble, l’événement s’est avéré extrêmement interactif, les participants posant des questions et partageant leurs points de vue et leurs expériences sur les sujets et générant un enthousiasme renouvelé en faveur d’un travail collaboratif sur les pratiques et les politiques qui favoriseront la coexistence des centres urbains et de la conservation et la gestion durable des fonctions et des services écologiques et environnementaux requis pour la survie.
Voici quelques réflexions sur les participants après l’événement.
Martin Yelkouni talks about the importance of finding the linkages between climate change, resource exploitation, and economic systems for sustainable development. #RamsarCOP13 pic.twitter.com/7vmk1seKIv
— WA BiCC (@WABiCCnews) October 26, 2018
“We can’t stop tourism and urban development.” – An architect shares her perspective on the effects urbanization is having on natural resources. pic.twitter.com/KM48pfHnSO
— WA BiCC (@WABiCCnews) October 26, 2018
“The Global Wetlands Outlook of the Ramsar Convention shows that we are losing around 42% of our wetlands. We need to take action.” – the Senior Regional Advisor (Africa) of the Ramsar Convention talks about urgency. pic.twitter.com/5CzLKsTSs3
— WA BiCC (@WABiCCnews) October 26, 2018
Paul Ouedraogo of the Ramsar Convention lays down potential solutions to reverse the rapid loss of wetlands in Africa. #RamsarCOP13 pic.twitter.com/oysWjku81z
— WA BiCC (@WABiCCnews) October 26, 2018