L’initiative soutenant la « Conservation et la connexion du paysage forestier de Ziama-Wonegizi-Wologizi (ZWW) entre la Guinée et le Liberia » a été lancée le 19 octobre 2018 à N’Zérékoré, capitale de la région forestière de Guinée. L’objectif de cette action, financée par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) par le biais du Programme pour la Biodiversité et le Changement Climatique en Afrique de l’Ouest (WA BiCC), vise à protéger l’un des écosystèmes les plus précieux du monde qui comprend l’un des plus grands blocs forestiers encore intacts au sein des vestiges de la forêt tropicale de Haute Guinée en Afrique de l’Ouest. L’évènement a réuni des partenaires clés qui mettront en œuvre cette activité transfrontalière, dont le but est de préserver l’avenir de cette forêt, riche en biodiversité unique à l’échelle mondiale, tout en veillant à ce que les communautés vivant en lisière de celle-ci aient les moyens de prospérer en harmonie avec la conservation pour leur bénéfice mutuel.
En Guinée, l’initiative en faveur de la ZWW est réalisée conjointement par le ministère guinéen de l’Environnement, des eaux et forêts (MEEF) avec l’aide du Centre forestier de N’Nzérékoré (CFZ) en étroite coordination avec des partenaires incluant l’Union européenne /le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), par le biais du Secrétariat de l’Union du fleuve Mano (UFM). L’Autorité de développement forestier du Liberia (FDA) supervise la mise en œuvre des activités dans ce pays. WA BiCC assure un appui transfrontalier sous forme de subvention octroyée à Fauna & Flora International (FFI), qui œuvre dans la forêt de Ziama et ses environs depuis 2009.
Abdoulaye Doumbia de l’UFM a fait remarquer, « les États membres de l’UFM investissent 6,9 millions USD dans 4 paysages forestiers transfrontaliers de l’UFM, dont le ZWW, grâce à un projet financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et mis en œuvre conjointement avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ». Dominique Endamana du Bureau régional de l’UICN pour la région d’Afrique centrale et de l’Ouest a dit, « la collaboration et la coordination entre l’UICN-UFM et les projets de WA BiCC est très importante étant donné les objectifs semblables de ces deux projets ».
D’autres dignitaires étaient également présents dont El Hadj Sébastien Tounkara, Gouverneur de la région forestière de Guinée, M. Seydou Bari Sidibe, Secrétaire général du ministère guinéen de l’Environnement, des eaux et forêts, M. C. Mike Doryen, Directeur général de l’Autorité de développement forestier du Liberia, Mme Watta Camara, Directrice générale du CFZ, Mme Angelique Todd, Directrice principale des programmes FFI pour la région d’Afrique centrale et de l’Ouest et, représentant WA BiCC, le Directeur de projet M. Stephen Kelleher et le Spécialiste des forêts et des paysages, M. Nouhou Ndam.
« Notre présence aujourd’hui devrait signaler de nouvelles relations entre partenaires de la région afin de protéger notre forêt de manière plus durable. D’après ce que nous avons appris lors des présentations du jour, la Guinée est dotée d’un programme de conservation décentralisé que nous n’avons pas vraiment au Liberia. Aussi, voudrais-je proposer un voyage d’études qui nous permettrait d’apprendre et de saisir les bonnes pratiques appliquées en Guinée, » a expliqué M. C. Mike Doryen, Directeur général de l’Autorité de développement forestier du Liberia.

M. Seydou Bari Sidibe, Secrétaire général du ministère guinéen de l’Environnement, des eaux et forêts a ajouté, « Le peuple américain nous apporte un appui soutenu depuis plusieurs années, et nous leur sommes reconnaissants. Ce soutien actuel de la FFI au profit de la Guinée et du Liberia vise à renforcer les capacités de la FDA et du CFZ pour la gestion du ZWW. Je fais donc appel à toutes les communautés vivant aux alentours du ZWW d’appuyer la réalisation du projet WA BiCC ».
Dans son allocution, M. Stephen Kelleher, Directeur de projet de WA BiCC a rappelé, « La subvention valorisera la conservation de la biodiversité, la bonne gouvernance et la création de moyens d’existence tout en encourageant la mise en commun d’idées et d’informations. L’apprentissage par l’action et la communication de pratiques efficaces en matière de gestion forestière ne renforceront pas seulement les interventions locales, mais guideront aussi des initiatives de politiques locales, nationales et régionales plus appropriées aux efforts de conservation axés sur la communauté ».

Plus de 70 personnes ont participé à la réunion incluant des dirigeants locaux des deux pays. La radio nationale de Guinée (RTG), qui couvre l’ensemble du pays, y compris les communautés vivant dans la région forestière, a diffusé les informations sur l’initiative. La journée s’est terminée par une session de planification pour la première réunion bilatérale jamais prévue entre la Guinée et le Liberia sur la conservation de la ZWW afin d’encourager davantage les acteurs à collaborer et à éliminer le cloisonnement existant dans les paysage forestiers transfrontaliers de l’Union du fleuve Mano.
Le Paysage
Le ZWW abrite plus de 25 % des mammifères d’Afrique, incluant des espèces vedettes telles que le chimpanzé d’Afrique de l’Ouest en danger critique d’extinction, l’hippopotame nain endémique menacé d’extinction (endémique des forêts du Liberia, de Guinée, de Côte d’Ivoire et de Sierra Leone) et l’éléphant vulnérable des forêts d’Afrique, puisque le paysage forestier est l’un des derniers habitats viables et intacts qu’il leur reste en Afrique de l’Ouest.

Pourtant, la forêt de ZWW, d’une superficie de 114.800 ha, fait face à des menaces complexes incluant la dégradation de la forêt et la perte d’habitat découlant de l’empiètement de l’agriculture et de son expansion, ainsi que de la coupe abusive des arbres pour la production de bois et comme source d’énergie conduisant à la fragmentation des habitats d’espèces menacées comme l’éléphant. Ces défis sont exacerbés par les impacts du changement climatique et des ressources inadéquates pour appliquer les politiques en vigueur et celles susceptibles de soutenir la gestion des ressources naturelles. Les forêts de Guinée et du Liberia ont connu un immense déclin en raison du défrichage continu des forêts. Les surfaces forestières de Guinée ont diminué d’environ 33 % entre 1975 et 2013 pour n’atteindre que 444.000 hectares, tandis que la couverture forestière du Liberia a enregistré une diminution de 12,2 % (600.000 ha) rien qu’entre 1990 et 2010.


Dans le cadre de la subvention, les activités prévoient d’atteindre pour les deux pays leurs objectifs socioéconomiques et ceux concernant la biodiversité tels que les définissent leurs politiques et leurs programmes, notamment le Plan national de développement économique et social de la Guinée (2016 – 2020) et l’ébauche de la Stratégie et du Plan d’action nationaux relatifs à la biodiversité du Liberia (2015). Cet effort contribuera aussi au programme de développement des deux pays.
Le projet formera le personnel du ministère guinéen de l’Environnement, des eaux et forêts, de l’Autorité de développement forestier du Liberia ainsi que les communautés locales à la gestion des aires protégées et aux méthodes permettant d’améliorer les moyens d’existence comme l’agriculture et l’utilisation durables des ressources naturelles. Il déterminera, appliquera et communiquera également les bonnes pratiques, facilitera des visites réciproques entre les deux pays, et accroîtra les connaissances et la compréhension de l’importance des forêts et de la biodiversité à l’aide de campagnes médiatiques. Il encouragera de même des attitudes responsables et l’adoption de bonnes pratiques qui renforceront les interventions locales et amélioreront les initiatives politiques au niveau national comme au niveau régional de l’Afrique de l’Ouest.