Nombre de communautés le long du littoral de l’Afrique de l’Ouest sont affectées par les impacts du changement climatique, dont l’élévation du niveau de la mer, les phénomènes météorologiques imprévisibles et la recrudescence des inondations. Ces impacts, qui menacent les biens et les vies humaines, sont encore aggravés par d’autres risques d’origine humaine provoqués par l’utilisation non durable des ressources naturelles. Ces risques englobent le développement non planifié dans des zones vulnérables aux fortes marées et aux inondations, la déforestation des forêts de mangrove qui forment une protection naturelle contre ces impacts, et la dégradation de forêts des hautes terres qui envase les rivières et les ruisseaux, laissant nulle part où aller aux eaux de pluie et de marée. Pour comprendre ces questions dans plusieurs endroits le long du littoral de la Sierra Leone, WA BiCC avait effectué une évaluation de la vulnérabilité (VA) au changement climatique en 2016, dont les résultats guident aujourd’hui les interventions dans ces paysages. Ces interventions, tirées des conclusions de l’évaluation, avec des suggestions des communautés locales, comprennent la restauration de la mangrove, des berges pour protéger les personnes et leurs biens contre l’érosion côtière ou l’élévation du niveau de la mer, et l’introduction de l’agrosylviculture. Toutes ces activités portent sur l’amélioration du bien-être économique et environnemental des communautés côtières concernées.
Des résultats mesurables et des leçons se sont déjà dégagés de ces activités, et la 13e Conférence des Parties à la Convention de Ramsar, portant sur les Zones humides pour un avenir urbain durable, a fourni une excellente plateforme pour partager les expériences avec les VA en tant qu’outils pour déterminer et donc gérer les risques du climat et d’origine humaine dans les zones côtières urbaines comme dans les paysages côtiers ruraux. Un événement organisé en parallèle de la conférence, qui s’est déroulée à Dubaï du 21 au 29 octobre 2018, a eu lieu le 24 octobre, sous la présidence de M. Abou Bamba, secrétaire exécutif de la Convention d’Abidjan. Plus de 70 participants de secteurs et de régions différentes, tous travaillant sur les zones humides et les questions marines côtières, ont assisté à cet événement. Eric Alvarez, représentant de l’United States Fish and Wildlife Service, était également présent.
Commençant par une présentation des outils et des méthodes employés pour effectuer la VA et un aperçu des progrès jusqu’à présent, Zebedee Njisuh, responsable du paysage côtier en Sierra Leone pour WA BiCC, a dit, « Même si les variables climatiques semblent changer à un rythme lent, les activités humaines aggravent les impacts du changement climatique. Par exemple, le facteur le plus important des pertes de mangrove le long du littoral de Sierra Leone est leur déboisement au profit de la culture du riz et du bois de chauffe. Les mangroves fournissent une protection naturelle contre les inondations, alors imaginez ce qui se passe une fois qu’elles ont disparu et que le niveau de la mer continue à monter. Les décideurs doivent tenir compte de la valeur sociale et économique, y compris la préservation de la vie, que ces forêts apportent. »
- Njisuh a insisté sur l’importance d’engager les communautés et de les faire participer à la détermination et la mise en place d’activités pour avoir la certitude qu’elles comprennent et s’approprient les questions et les résultats, de sorte que le processus ne concerne pas uniquement les « étrangers ». C’est extrêmement important pour la durabilité à long terme et la reproduction des interventions. Les exemples cités incluaient une approche participative de la cartographie de l’utilisation des terres, des activités de restauration de la mangrove sous la direction des communautés, et l’agrosylviculture du riz de mangrove dirigée par les riziculteurs.
Levi Piah, point focal de la Convention de Ramsar pour le Liberia et membre de l’Agence de protection environnementale, a également fait part des résultats d’une VA réalisée au Liberia. Il a indiqué que 60 % de la population du Liberia résidait à moins de 40 km de la côte, et qu’il était prévu qu’environ 95 km2 des terres de la zone côtière soient inondés si le niveau de la mer augmentait d’un mètre. Il en résultera la perte des systèmes de mangroves le long du littoral et peut-être de millions de dollars en terres et infrastructure comme des hôtels, des routes, des bâtiments résidentiels et publics. Outre ces conséquences, l’impact le plus tragique pourrait être l’éventualité de pertes humaines.
Les menaces aux écosystèmes côtiers et les pertes de sources de moyens d’existence sont décisives non seulement au Liberia mais aussi dans tous les pays le long du littoral de l’Afrique de l’Ouest et au-delà. Selon la Banque mondiale, le développement non viable de l’infrastructure, la gestion inadéquate des habitats et des ressources naturelles, ainsi que la pollution, menacent la productivité des écosystèmes côtiers et les services environnementaux qu’ils fournissent. Les épisodes liés au changement climatique comme l’élévation du niveau de la mer et son réchauffement, l’affaissement des sols, les ondes de tempête et l’augmentation des inondations côtières contribuent à la vulnérabilité de la région. Les côtes s’érodent jusqu’à 10 m par an dans certains endroits. Et pour comble, la surexploitation de la pêche, le manque d’accès à des systèmes d’égouts (moins de 10 % des zones urbaines ont accès à ces services), la déforestation extensive de la mangrove (20 à 30 % des mangroves sont déjà perdues à cause de la dégradation et la destruction intervenues ne serait-ce que lors des derniers vingt-cinq ans du siècle dernier) aggravent encore la situation des économies locales et nationales et la qualité de la vie.
Les résultats de notre collaboration avec la Convention d’Abidjan ont été mis en lumière le vendredi 26 octobre au cours d’un second événement parallèle sur les « Perspectives de l’Afrique de l’Ouest sur les zones humides et l’urbanisation ».
Afin d’optimiser l’impact et la valeur de son travail, WA BiCC collabore également avec des organisations mondiales et régionales comme la Banque mondiale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union du fleuve Mano (UFM). À cet effet, le Programme de gestion des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest (WACA) aide les pays à bénéficier d’expertise et de financement pour gérer durablement leurs zones côtières. Le programme WACA a été élaboré en réponse aux demandes de solutions présentées par les pays pour les aider à sauver et à renforcer les ressources sociales et économiques des zones côtières en prenant en compte l’érosion et les inondations du littoral.
Les déclarations prononcées par les représentants du Ghana et de la Guinée ont confirmé les inquiétudes régionales au sujet des menaces, en particulier l’érosion côtière, l’élévation du niveau de la mer, les inondations, la pollution résultant des mines et la surexploitation de la pêche.
« Effectivement, la perte de la couverture de mangrove est néfaste pour les entreprises au Ghana, le royaume de la pêche d’Afrique de l’Ouest », a déclaré Nana Adu Nsiah, directeur de la faune sauvage pour la Commission forestière du Ghana lors de sa contribution à l’événement parallèle. Il a souligné l’établissement de l’ordre prioritaire des mesures nationales d’atténuation du changement climatique et a indiqué que les communautés au Ghana reconnaissaient désormais l’importance des forêts de mangroves et qu’elles s’étaient mises à en planter le long de leurs côtes.
- Namory Keita, directeur général de la Conservation de la nature, ministère guinéen de l’Environnement, des eaux et forêts, a souligné les impacts causés par l’extraction minière non durable, en particulier les changements défavorables pour l’hydrologie locale. Parmi les exemples figurent le changement des modes d’écoulement des eaux des principales rivières, dont les cours supérieurs détruisent la qualité de l’eau par la dispersion de métaux lourds et autres produits chimiques toxiques.
Tous les participants étaient parfaitement conscients des questions abordées et beaucoup ont fait des recommandations pour relever les défis grâce à des actions collectives entraînant la participation d’intervenants et de partenaires locaux, régionaux et mondiaux. Ils ont activement participé pendant la session des questions et le segment de contribution. Voici quelques brefs clips vidéo présentant les points de vue et les réponses de quelques participants.
“One of the key lessons is that we need an integrated approach – that we need to take into account livelihoods…” @EvaHernandezWWF shares lessons learnt from our side event on using vulnerability assessments to influence decision making. #RamsarCOP13 pic.twitter.com/B6N1YKR76Q
— WA BiCC (@WABiCCnews) October 24, 2018
“It’s a good case where communities are involved in project activities…” – Awaïss Aboubacar, on the WA BiCC’s field activities inspired by the Vulnerability Assessment report. @RamsarConv @UNAbjConvention @PCIMediaImpact pic.twitter.com/CoCxdneePe
— WA BiCC (@WABiCCnews) October 24, 2018
“We should protect coastal areas with natural solutions.” – Ahmed Senhoury, Director of @prcmarine pic.twitter.com/5GjbrNRFL5
— WA BiCC (@WABiCCnews) October 24, 2018