Aperçu – Les systèmes côtiers de l’Afrique de l’Ouest sont riches en biodiversité et en ressources naturelles, fournissant des services écosystémiques qui contribuent à environ 57 % du PIB de la région. Malgré leur valeur reconnue, ces écosystèmes sont menacés par les changements climatiques et les activités humaines. Le nombre grandissant d’inondations et de glissements de terrain, les augmentations du niveau des océans et des températures, l’aggravation de l’érosion côtière, la perte d’habitats des espèces, la dégradation générale des écosystèmes et la prolifération d’espèces envahissantes sont parmi les changements visibles que les facteurs de stress et les activités humaines non durables ont provoqué dans la région.
Approche
Une gestion durable des environnements côtiers ne peut pas se faire sans tenir compte de ce qui se passe à l’intérieur des terres. Pour cette raison, WA BiCC met aussi l’accent sur la lutte contre le trafic des espèces sauvages et la réduction de la déforestation, la dégradation de la forêt et la perte de la biodiversité terrestre. En nous basant sur la connexion entre les systèmes et les problèmes, nous mettons en place une approche intégrée pour accroître la résilience côtière qui englobe l’établissement d’un environnement politique favorable et la mise en œuvre d’interventions à diverses échelles. Notre objectif visant à accroître la résilience côtière porte sur deux paysages géographiques d’apprentissage : Le Complexe des paysages côtiers. Dans ces paysages, nous nous mobilisons pour améliorer la gouvernance et la réforme de la politique qui favorise la protection des mangroves, des forêts côtières, des bassins versants et des systèmes marins. Ces activités sont complétées par des actions de politique régionale et sont mises en œuvre en étroite collaboration avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union du fleuve Mano (UFM) et la Convention d’Abidjan.

Activités / Progrès à ce jour
WA BiCC a commencé des travaux de restauration des mangroves au niveau communautaire en 2017. Avec pour objectif d’accroître la protection côtière et de diversifier les options de moyens d’existence pour les communautés, le projet a cherché à comprendre les pratiques en matière d’utilisation des terres, les questions relatives au régime foncier et les approches pour autonomiser les communautés locales. Cette démarche inclut des activités pour obtenir une restauration des écosystèmes de mangrove basée sur des données scientifiques et une planification en adaptation. En un an, près de 80.000 jeunes plantes et sauvageons de mangrove ont été plantés, avec une restauration bien avancée sur 120 hectares de forêts de mangroves dégradées et détruites dans la région des Scarcies, l’Estuaire du fleuve Sierra Leone (SLRE), la baie de Yawri et l’Estuaire Bonthe Sharbro.

WA BiCC collabore avec le Centre pour un réseau international d’information en sciences de la terre (Center for International Earth Science Information Network ou CIESIN) et le Réseau global des Plans nationaux d’adaptation (PNA) dans six pays de l’Afrique de l’Ouest : la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone, le Togo, et le Ghana. Cette initiative a augmenté la capacité de ces pays à tenir compte des questions côtières dans leurs PNA et à utiliser efficacement les informations climatiques pour planifier l’adaptation. Au cours des deux prochaines années, WA BiCC et CIESIN poursuivront leur collaboration avec les pays concernés afin de développer des cadres PNA et de renforcer les capacités pour les évaluations de la vulnérabilité face aux changements climatiques, la génération et l’utilisation d’informations climatiques, l’intégration des genres et l’intégration verticale et horizontale au sein du processus des PNA. Un résumé de cette activité peut être téléchargé ici.

WA BiCC a effectué deux évaluations de la vulnérabilité face aux changements climatiques pour le Complexe des paysages côtiers en Sierra Leone et le Paysage de la lagune de Fresco en Côte d’Ivoire. Les évaluations ont confirmé la vulnérabilité des zones côtières face aux effets des changements climatiques et des activités humaines, et ont souligné les divers niveaux d’exposition, de vulnérabilité et de capacité adaptative. Par exemple, dans le cas du littoral de la Sierra Leone, les habitants de la région des Scarcies sont davantage exposés aux menaces du changement climatique mais ont une capacité adaptative supérieure et sont prêts à entreprendre des activités de restauration des mangroves. Par contre, dans la région de Sherbro, les villages étaient moins exposés aux impacts des changements climatiques mais avaient une plus faible capacité adaptative. Les mangroves dans cette région sont en meilleur état que dans la région des Scarcies, et les communautés sont donc moins motivées pour restaurer les zones de mangroves dégradées. Ces évaluations de la vulnérabilité permettent à la Sierra Leone et à la Côte d’Ivoire d’aborder les effets des changements climatiques dans les zones côtières en planifiant l’adaptation. En Côte d’Ivoire, WA BiCC collabore avec les ministères concernés afin d’explorer les possibilités de mettre à l’échelle les bonnes pratiques en matière de planification côtière. Une version abrégée du rapport sur l’évaluation de la vulnérabilité au changement climatique (CCVA) en Sierra Leone figure ici.

WA BiCC a facilité l’adoption de protocoles supplémentaires (une mise à jour et un perfectionnement du texte juridique de la Convention afin d’améliorer la mise en œuvre et prendre en compte de nouveaux défis) à la Convention d’Abidjan, ajoutant une gestion durable des mangroves, une gestion intégrée des zones côtières et une stratégie régionale sur les espèces invasives qui se concentre sur la sargasse. Le programme poursuivra sa collaboration avec la Convention d’Abidjan et ses partenaires pour soutenir et encourager les parties à les signer, les ratifier et les mettre en œuvre. L’enseignement tiré de ces projets pilotes sera partagé avec les pays ciblés, la Convention d’Abidjan, la CEDEAO et l’Union du fleuve Mano. Le programme utilise déjà le résultat des interventions pilotes pour fournir des informations concernant le processus PNA dans les six pays.
Une des principales constatations de l’évaluation de la vulnérabilité du Complexe des paysages côtiers en Sierra Leone était la vulnérabilité des communautés côtières aux effets du changement climatique, aggravée par le nombre moins important d’activités pour les moyens d’existence, un accès plus limité aux marchés et aux installations et l’accès minime aux informations. À cet effet, WA BiCC œuvre avec les communautés pour protéger leurs ressources contre l’élévation des niveaux des océans en construisant des digues, en restaurant les mangroves, en mettant en place des cultures intégrées de riz et mangroves, en favorisant une agriculture intelligente face au climat, en augmentant la préparation aux catastrophes et en établissant des Associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC).
Une analyse minutieuse du contexte sociopolitique et culturel du Complexe des paysages côtiers en Sierra Leone a montré qu’un des facteurs clés responsable de l’exploitation excessive des ressources naturelles réside dans le manque de coordination entre les activités des conseils, des chefferies et des institutions au niveau communautaire. Pour répondre à cette question, WA BiCC a œuvré avec des agences de développement et des ministères gouvernementaux, les départements et les agences afin d’établir 24 comités de gestion des ressources naturelles et un Réseau de gestion des ressources naturelles côtières des chefferies. Au cours des années à venir, WA BiCC effectuera une formation pour les institutions nouvellement établies portant sur divers aspects de la gestion des ressources naturelles et de l’adaptation au changement climatique.

WA BiCC s’efforce d’obtenir un taux d’efficacité d’au moins 40 % dans la gestion des aires marines protégées (AMP) et des sites Ramsar de Sierra Leone. À l’heure actuelle, ces AMP et sites Ramsar bénéficient d’un accès illimité. WA BiCC œuvrera en étroite collaboration avec l’Autorité nationale chargée des aires protégées (NPAA), le secteur de la pêche et le Réseau de gestion des ressources naturelles côtières des chefferies pour élaborer des plans de cogestion communautaire afin d’améliorer l’efficacité de la gestion dans les aires marines protégées, d’autonomiser et de renforcer les capacités communautaires, et de maintenir et diversifier les moyens d’existence.
Un plan d’adaptation aux changements climatiques a été élaboré afin de contribuer à l’augmentation de la résilience et à la protection des écosystèmes côtiers dans l’ensemble du (L’Estuaire du fleuve Bonthe-Sherbro, la Région des Scarcies, l’Estuaire du Fleuve Sierra Leone et la Baie de Yawry) et au-delà. Le plan propose un changement fondamental dans la façon dont les professionnels et les responsables chargés de l’évaluation des risques de changement climatique collaborent pour protéger et restaurer les écosystèmes côtiers essentiels et favoriser des moyens d’existence durables. En outre, la planification plaide en faveur de l’utilisation de bonnes pratiques avérées, tirant parti d’efforts antérieurs et d’efforts en cours pour créer des solutions d’adaptation justes, équitables et durables pour les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest. Ce plan devrait également favoriser une nouvelle culture qui pousse les professionnels et les décideurs à généraliser la réflexion à l’égard des risques des changements climatiques, des vulnérabilités et de l’adaptation face à ces changements dans les prises de décision.