Réduire la déforestation, la dégradation et la perte de biodiversité

Aperçu -La forêt de Haute-Guinée en Afrique de l’Ouest est un hot spot mondial en matière de biodiversité — une région biogéographique dotée d’une biodiversité notable, menacée d’être détruite. Les forêts abritent une concentration exceptionnelle d’espèces vulnérables, menacées ou menacées d’extinction selon la définition de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et la Liste rouge des espèces menacées, compilée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ces espèces incluent l’éléphant des forêts, l’hippopotame nain, et le palissandre, parmi beaucoup d’autres. L’écosystème de la Forêt de Haute-Guinée couvrait autrefois une grande partie de la région d’Afrique de l’Ouest, mais on n’en retrouve désormais que des fragments et des vestiges dans certains endroits de Guinée, de Sierra Leone, du Liberia, de Côte d’Ivoire, et dans les régions sud du Ghana et sud-ouest du Togo.

Quatre-vingt-dix pour cent de la Forêt de Haute-Guinée et plusieurs services et fonctions écosystémiques qu’elle procure, comme des bassins versants qui assurent un approvisionnement durable en eau, ont déjà disparu suite aux activités humaines comme l’exploitation minière, la coupe de bois d’œuvre, l’agriculture et la conversion de la forêt en plantations de palmiers à huile et autres, à diverses échelles. Ces facteurs sont favorisés par la faiblesse ou l’inefficacité de la gouvernance et de la mise en vigueur des lois, un soutien inadéquat pour la conservation et la gestion, ainsi que par le manque général de sensibilisation sur les valeurs globales de ces régions. Des portions du paysage risquent de perdre leurs statuts de réserves de la biosphère dans le cadre du Programme sur l’Homme et la biosphère (MAB), reconnu sur le plan international et défini par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

 

 

 

 

 

 

 

Cartes de l'Afrique de l'Ouest montrant les zones forestières d'hier et d'aujourd'hui (1975 et 2013) - Sources : CILSS (2016)- USGS

 

En dépit de ces défis, on reconnaît de plus en plus le besoin de conserver et gérer de manière durable les 10 % restants du paysage, une superficie atteignant pratiquement 73 millions d’hectares. La Composante du Programme de Biodiversité et Changement Climatique en Afrique de l’Ouest (WA BiCC), Réduction de la déforestation, de la dégradation de la forêt et de la perte de biodiversité, s’intéresse principalement à apporter sa contribution pour ce faire par le biais des partenaires régionaux clés suivants, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et l’Union du Fleuve Mano (UFM).

Approach

Les données disponibles indiquent clairement que la gestion durable du paysage forestier ne peut réussir sans aborder 1) les activités illégales et non durables, et 2) le besoin de réconcilier la conservation avec l’amélioration des moyens d’existence et du bien-être humain dans les communautés voisines. En outre, il est de plus en plus urgent d’intégrer aux travaux de gestion forestière les défis émergents liés au climat.

Les paysages, les écosystèmes, les espèces et les personnes sont interdépendants à différents niveaux. À cette fin, les travaux entrepris dans le cadre de la Composante 3 sont inextricablement liés aux efforts programmatiques visant à lutter contre le trafic de la faune sauvage et accroître la résilience côtière au changement climatique (particulièrement en ce qui concerne les écosystèmes forestiers de mangrove et leur rôle essentiel dans l’atténuation des ondes de tempête et des inondations). Les approches cohérentes et concertées liées à la réalisation et à la mise à l’échelle de pratiques efficaces dans la mangrove et les paysages forestiers incluent :

  • Une planification novatrice, axée sur la communauté et intégrée de l’utilisation des terres,
  • La mise à l’essai d’approches originales qui réduisent la perte de la forêt et de la biodiversité, et des émissions de carbone, et
  • L’amélioration de la gestion, incluant des expériences de cogestion des paysages forestiers transfrontaliers.

Ces travaux sont réalisés en appuyant le développement ou l’amélioration des protocoles de gestion, une coordination plus efficace à tous les niveaux de la gouvernance et la mise en avant de la restauration du paysage forestier.

Les activités principales de la Composante 3 sont axées sur le paysage et réalisées grâce à des subventions octroyées à des organisations locales et/ou internationales ayant une expérience avérée dans les domaines thématiques et géographiques où WA BiCC concentre ses ressources. Le mécanisme de subventions permet aux organisations partenaires de développer des interventions efficaces ou de diriger d’autres approches dans l’ensemble des forêts qui subsistent en Haute-Guinée. Les interventions privilégient les « paysages d’apprentissage » qui ont été sélectionnés comme priorités par la CEDEAO ou l’UFM, et leurs États-membres. Les paysages d’apprentissage où des pratiques efficaces ont été mises à l’échelle ou mises à l’essai pour guider des politiques plus efficientes au niveau local, national et régional sont : le Paysage forestier transfrontalier de Ziama-Wonegizi-Wologizi (ZWW) entre le Liberia et la Guinée, le Paysage forestier transfrontalier de Gola entre la Sierra Leone et le Liberia, et le Paysage forestier transfrontalier de Taï-Grebo-Krahn-Sapo au Liberia et en Côte d’Ivoire.

 

Geographical Focus of Component 3

component_3_landscape

Activities/Progress so far

Afin de déterminer les problèmes sur le terrain et d’évaluer comment WA BiCC pourrait ajouter une valeur maximale aux activités actuelles, antérieures ou prévues, une série de missions d’évaluations a été lancée au début du programme. Les rapports de ces missions sont accessibles ici. Les données, les informations et l’apprentissage générés par ces données de départ permettent de concevoir des interventions spécifiques dans nos paysages forestiers de Haute-Guinée. Les leçons acquises, les informations et les bonnes pratiques tirées de ces interventions dans les paysages devraient influencer et orienter la politique, les pratiques et les comportements, et créer aussi un environnement favorisant les travaux de conservation dans l’ensemble des pays et à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest.

Favoriser les activités de restauration du paysage forestier au Ghana

Les États-membres de la CEDEAO reçoivent un soutien pour leur permettre d’honorer les promesses pour lesquelles ils se sont engagés dans le cadre du Défi de Bonn, un effort mondial visant à restaurer 150 millions d’hectares de terres déboisées et dégradées à l’échelle mondiale d’ici à 2020. Parmi les capacités nécessaires aux pays pour la réalisation de leurs objectifs, l’accessibilité aux informations et aux ressources est primordiale. WA BiCC a organisé une réunion régionale au Maroc lors de la COP 22 de la CCNUCC afin d’aborder la manière de mobiliser les ressources et d’améliorer la disponibilité des données et des informations. Le Programme a présenté aux parties prenantes du Ghana la Méthodologie d’évaluation des opportunités de restauration pour cartographier les opportunités de restauration des paysages forestiers.

Les participants ont visionné les cartes lors de l'atelier sur la RPF à Accra.
Les participants ont visionné les cartes lors de l’atelier sur la RPF à Accra.
Établissement de groupes de travail sur les espèces en Afrique de l’Ouest

Une lacune observée dans la région était l’absence d’un réseau solide d’experts pouvant mettre en commun leurs connaissances et les informations relatives aux menaces que connaît la biodiversité. Pour combler ce manque, WA BiCC a lancé la création de Groupes de travail sur les espèces dans les quatre pays de l’Union du Fleuve Mano (UFM) : le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée et la Côte d’Ivoire. Au Liberia, le groupe a joué un rôle important dans l’organisation réussie d’un atelier régional, cofinancé par WA BiCC, qui a élaboré la Stratégie de conservation et le Plan d’action pour la conservation des chimpanzés en Afrique de l’Ouest.

Membre du groupe de travail sur les espèces en Côte d'Ivoire
Membre du groupe de travail sur les espèces en Côte d’Ivoire
Renforcer l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie REDD+ en Guinée

Le Programme a appuyé la première grande initiative de la Guinée visant l’élaboration d’une Stratégie nationale pour la Réduction des émissions résultant de la déforestation et de la dégradation de la forêt (REDD+). WA BiCC a appuyé la Guinée lorsque le pays mit en place un Secrétariat pour la REDD+ et élabora une Stratégie et une feuille de route pour la REDD+, qui furent validées lors de la Conférence des Parties (COP 23) de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC), à Bonn, Allemagne. Cet investissement a également pris en charge les contributions de la Guinée vers la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations Unies qui constitue une partie intégrale du cadre national de priorités. Les travaux ne sont pas menés de manière isolée car la stratégie adopte une approche holistique pour sa mise en œuvre, ciblant la restauration du paysage forestier et reliant la gestion forestière à l’amélioration des moyens d’existence. La feuille de route guide la Guinée pour la mobilisation des ressources et la mise en œuvre d’initiatives de conservation. WA BiCC a organisé de même deux ateliers d’apprentissage au Liberia et en Côte d’Ivoire afin d’assurer le partage d’informations et la mise en place d’un réseau de spécialistes REDD+ dans la région. Un lien vers la Feuille de route REDD+ de la Guinée est accessible ici.

Participants aux consultations REDD+ en Guinée
Participants aux consultations REDD+ en Guinée
Promouvoir la gestion communautaire du paysage dans la Forêt transfrontalière de Gola

Un élément central des interventions menées dans le Paysage transfrontalier de Gola est la mise en avant de la gestion communautaire du paysage transfrontalier par le biais d’activités planifiées et dirigées par des partenaires bénéficiaires de subventions tels que la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), la Société de conservation de la nature du Liberia (SCNL) et la Société de conservation de la Sierra Leone (CSSL). Ces actions seront mises en œuvre de septembre 2017 à janvier 2020. Les bénéficiaires œuvrent avec les gouvernements nationaux et les chefs communautaires locaux afin d’équilibrer la conservation de la forêt et l’amélioration des moyens d’existence. Pour cela, plusieurs sites forestiers communautaires ont été choisis pour y entreprendre une planification de gestion durable tout en veillant au renforcement des capacités des membres des communautés dans des domaines tels que les pratiques agricoles, la gestion communautaire des forêts et de nouvelles activités pour leurs moyens d’existence, comme l’apiculture. Les interventions accroîtront les connaissances et l’apprentissage des bonnes pratiques à mettre en commun avec les parties prenantes locales, nationales et régionales en vue de guider les politiques et les pratiques applicables au-delà de Gola. Une description complète de cette intervention est accessible ici.

Communautés en lisière de forêt à Gola
Communautés en lisière de forêt à Gola
Renforcer la gestion concertée du Paysage forestier transfrontalier de Taï-Grebo-Krahn-Sapo (TGKS)

La subvention de la Fondation pour les chimpanzés sauvages (WCF), octroyée au TGKS et couvrant la période de septembre 2017 à janvier 2020, cherche surtout à favoriser la conservation de la forêt, à préserver la connexion des habitats pour le déplacement de la faune, à offrir de nouvelles options en matière de moyens d’existence aux communautés vivant en lisière de la forêt et à encourager le partage des informations et de l’apprentissage tirés des bonnes pratiques. Elle vise surtout à protéger 600.000 hectares de forêt et à appuyer la production durable et sans déforestation de cacao et d’autres cultures commerciales dans la région. Afin de réaliser ces objectifs, la subvention assure aussi le renforcement des capacités des parties prenantes en matière de surveillance de la biodiversité et de lutte contre la criminalité liée à la faune sauvage. Les communautés ont sélectionné dix moyens d’existence pour lesquels elles recevront un soutien en fonction de leur engagement concret au regard de la protection des forêts de Taï, Cavally et Grebo-Krahn. Une description complète de cette intervention est accessible ici.

Rangers visitant la forêt de Tai
Rangers visitant la forêt de Tai
Renforcer la gestion concertée du Paysage forestier transfrontalier de Ziama-Wonegizi-Wologizi (ZWW)

FFI a reçu une seconde subvention dans le cadre d’activités à mener dans le ZWW et œuvre en Guinée et au Liberia pour protéger et gérer plus de 250.000 hectares de forêts dans l’ensemble du paysage. Ces efforts favorisent les déplacements libres et sûrs de la faune sauvage, incluant les éléphants, en préservant des couloirs de grande valeur écologique. Les activités visent à améliorer la conservation et, grâce à des initiatives de renforcement des capacités, à favoriser une politique et des environnements institutionnels plus efficients, appuyant des moyens d’existence durables et encourageant le partage des informations. Une description complète de cette intervention est accessible ici.

Rangers visitant la forêt de Ziama-Wonegizi-Wologizi
Rangers visitant la forêt de Ziama-Wonegizi-Wologizi
Renforcer la gestion concertée du Paysage forestier transfrontalier de Taï-Grebo-Krahn-Sapo (TGKS) en mettant l’accent sur le Parc national de Sapo

Une subvention de 26 mois a été octroyée par l’organisation Flora and Fauna International (FFI) en janvier 2018, afin de renforcer la capacité de l’Autorité de développement à améliorer la participation active de la communauté à la gestion des ressources forestières. L’intervention a pour objectif de protéger une surface forestière de 200.000 hectares environ au sein du Parc national de Sapo au Liberia, en vue d’aider à atténuer le changement climatique et de stimuler la production agricole dans la région sud-est du pays. La subvention protégera aussi la riche biodiversité du parc, lancera ou améliorera la foresterie axée sur la communauté pour l’utilisation durable des ressources par les communautés en lisière des forêts, et appuiera les moyens d’existence et les initiatives de bonne gouvernance. Une description complète de cette intervention est accessible ici.

Engagement communautaire et interactions dans le parc national de Sapo
Engagement communautaire et interactions dans le parc national de Sapo