La Côte d’Ivoire et le Liberia accomplissent des progrès vers la réalisation de leur ferme engagement visant la protection de la biodiversité exceptionnelle de la Forêt Taï-Grebo-Krahn-Sapo (TGKS) et des aires protégées voisines, situées de part et d’autre de la frontière entre les deux pays. Une première pour les deux pays, le Comité transfrontalier chargé de l’application de la loi fut établi afin d’appuyer la gestion efficace du paysage forestier et a la particularité de tenir compte de manière explicite des intérêts des communautés vivant à la lisière du paysage forestier et d’autres groupes de parties prenantes dignes d’attention. Le Comité servira de plateforme à des échanges permanents sur les questions de conservation et de gestion forestières. La chasse, l’exploitation minière et la déforestation comptent parmi les nombreux défis qui menacent la forêt depuis des années, mais cette coopération transfrontalière est une base solide qui permettra de garantir un avenir durable pour la Forêt TGKS et ses résidents.

Grâce à son couvert de plus d’un million d’hectares, la Forêt TGKS est l’un des derniers hotspots mondiaux de biodiversité et le plus grand massif forestier ininterrompu de l’écosystème forestier de Haute-Guinée. Malgré son importance environnementale notoire, la forêt est menacée par diverses activités humaines. Aussi, les rôles du Comité visent-ils entre autres à réglementer ces activités à l’aide de lois et de conventions nationales et internationales. Les menaces pour la forêt incluent l’extraction d’espèces protégées de faune sauvage à des fins commerciales, la chasse par les habitants locaux et les immigrants, l’exploitation du bois d’œuvre d’espèces d’arbres protégées, la coupe de racines pour le commerce des bâtons à mâcher dans certaines parties d’Afrique de l’Ouest, l’exploitation minière et la conversion d’aires naturelles en plantations commerciales de cacaoyers et de palmiers à huile.
Le Comité transfrontalier chargé de l’application de la loi a été mis en place dans le cadre d’une initiative visant à protéger et gérer de manière durable la Forêt et les services écosystémiques précieux du paysage TGKS, comme l’eau et les produits médicinaux qu’ils fournissent. La réunion inaugurale eut lieu les 6 et 7 novembre 2018 à Abidjan, Côte d’Ivoire, au cours de laquelle les institutions-membres ont examiné la législation actuelle relative à la gestion forestière et au commerce des ressources naturelles, discerné les problèmes communs aux deux pays en matière de conservation environnementale et défini la direction et le fonctionnement du Comité. L’établissement du Comité avait été recommandé lors de la 4e réunion du Comité directeur bilatéral portant sur la TGKS, qui s’était déroulée à Monrovia au Liberia, en mai 2016. Le Programme pour la Biodiversité et le Changement Climatique en Afrique de l’Ouest (WA BiCC), financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), conjointement avec son partenaire, la Fondation pour les chimpanzés sauvages (WCF), ont facilité la création de ce comité. Ces deux acteurs ont insisté sur la promotion de la conservation de la biodiversité et sur ses liens avec la séquestration du carbone et la sécurité alimentaire.
D’autres participants à la réunion comptaient des représentants des communautés, des magistrats, des policiers, des douaniers et des forestiers des deux pays. Les chefs locaux des communautés vivant à la lisière de la TGKS ont aussi pris l’engagement de ne pas tolérer les activités illicites.
Conformément au Plan d’action adopté lors de la première réunion, le Comité se réunira deux fois par an et organisera quatre réunions de planification annuelles avec les communautés voisines de la TGKS afin d’évaluer les progrès accomplis, de définir les problèmes et d’adapter les Plans d’action selon les besoins. Le Comité sera aussi chargé de planifier et d’exécuter des opérations transfrontalières dans le cadre de l’application de la loi, ainsi que d’entreprendre des initiatives de sensibilisation en collaboration avec les organisations de la société civile et de communiquer les informations relatives aux règlements et aux accords existants concernant la forêt, en français comme en anglais.
Lors de la 5e Réunion du Comité directeur bilatéral consacrée au Paysage forestier transfrontalier, le Comité a fait état des résultats de la première réunion, incluant une feuille de route pour faciliter leurs opérations. Pendant cette réunion, qui eut lieu en novembre 2018 à Abidjan, le Comité directeur bilatéral a approuvé la proposition de la feuille de route avant la prochaine réunion du Comité chargé de l’application de la loi prévue en mars 2019, à Monrovia.
Cette initiative marque la résolution historique des deux pays de mettre fin aux activités illicites qui menacent la faune sauvage et les communautés tributaires de la Forêt TGKS pour leur survie. Grâce au soutien des communautés et des dirigeants locaux, les membres du Comité et toutes les parties prenantes espèrent que la biodiversité remarquable de la forêt sera préservée à perpétuité au profit des générations futures.