Par Chaz Kyser
Sur la lancée de l’engagement pris par les gouvernements de la Sierra Leone et du Liberia en vue de protéger le Paysage forestier transfrontalier de Gola, des responsables des deux pays ouest-africains se sont réunis le 18 février au ministère libérien des Affaires étrangères à Monrovia pour signer des amendements à leur protocole d’accord (MOU) actuel concernant la conservation de cette ressource commune.
Le paysage forestier, aussi appelé le Parc transfrontalier de la Paix de Gola, comprend le Parc national de la Forêt tropicale de Gola en Sierra Leone et le Parc national de la forêt tropicale de Gola au Liberia. Ensemble, les forêts s’étendent sur plus de 350.000 hectares et représentent l’un des plus grands blocs restants de la Forêt de Haute Guinée. Considérées comme un hotspot pour la biodiversité, ces forêts communes abritent plus de 899 plantes vasculaires, 49 mammifères, 327 espèces d’oiseaux et 43 amphibiens. Malheureusement, nombre de ces espèces de faune et de plantes sont menacées ou en en danger critique d’extinction, y compris l’éléphant des forêts, le chimpanzé verus, le colobe bai, l’hippopotame nain et le bois de rose.
En 2011, les présidents de Sierra Leone et du Liberia ont d’abord signé un protocole d’accord sur la coopération en matière de gestion, de recherche, de protection et de conservation de leur forêt commune. Pour autant, le Comité de coordination n’a pu réaliser ses travaux indispensables, notamment en raison d’un manque de ressources. Ayant compris l’importance de l’exécution du protocole d’accord, le programme pour la Biodiversité et le Changement Climatique en Afrique de l’Ouest (WA BiCC), financé par l’USAID, a été un partenaire clé pour aider les deux pays dans leur quête à mieux protéger leur forêt. En 2018, WA BiCC a appuyé une réunion de représentants techniques qui a jeté les bases pour la première réunion. En 2019, WA BiCC a apporté son soutien dans le cadre d’une réunion du Comité de coordination à Freetown, Sierra Leone, et a joué par la suite un rôle essentiel en examinant les amendements proposés.
Les amendements signés récemment obligent la Sierra Leone et le Liberia à se répartir entre eux la gestion de la forêt. Conjointement, les deux pays chercheront à réduire les principaux facteurs du déboisement, de la dégradation et de la perte de biodiversité continus de la forêt, incluant la chasse illégale et le braconnage, l’extraction minière, l’abattage des arbres à la tronçonneuse et l’empiètement de la culture itinérante ou de l’agriculture. Malheureusement, les communautés vivant en lisière de la forêt se livrent souvent à ces pratiques afin d’assurer leur subsistance et pour des raisons économiques. Étant donné ces défis, une priorité des deux gouvernements est de collaborer entre eux et avec diverses parties prenantes afin d’aider ces communautés à trouver d’autres manières d’améliorer leurs moyens d’existence sans peser sur la vie animale et végétale.
« Ce que nous sommes sur le point d’observer aujourd’hui est une question d’équilibre… nous devons préserver la Forêt de Gola, nous devons conserver les espèces sauvages, mais ceux qui vivent dans les communautés environnantes des forêts, doivent voir leur vie s’améliorer, » a expliqué Gbehzohngar Findley, le ministre des Affaires étrangère du Liberia, en abordant la question.
En dehors de Findley, les principaux signataires des amendements comptaient entre autres le ministre adjoint de l’Agriculture de Sierra Leone, Sam-King Brima ; la Secrétaire générale de l’Union du Fleuve Mano, Medina Wesseh ; le Chef suprême du Parc national de la Forêt tropicale de Gola en Sierra Leone, Alameen Kanneh ; et le Chef suprême du district de Kongba, Comté de Gbarpolu, John Try. La cérémonie de signatures était aussi marquée par la présence de représentants de partenaires régionaux et locaux, dont la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, l’USAID/Afrique de l’Ouest, l’USAID/Liberia, l’Union européenne et la Société pour la conservation de la nature du Liberia.

Lorsqu’elle a parlé de l’importance de la cérémonie de signatures, Sara Walter, Directrice de la mission pour l’USAID/Liberia, a dit, « Nous espérons que, dans l’ère de conflits que nous constatons aujourd’hui dans le monde, la coopération transfrontalière entre le Liberia et la Sierra Leone afin de protéger la Forêt de Gola restera un modèle à travers la région, et de fait, le continent ».
Plusieurs des discours prononcés avant la signature, insistaient sur le rôle important que jouaient les communautés en lisière des forêts dans la conservation et la gestion des forêts.
« Elles vivent dans ces zones depuis des siècles, » a dit Gbezhongar Findley. « Elles connaissent tous les animaux qui vivent dans la forêt, tous les arbres qui s’y trouvent, tous les cours d’eau qui la traversent, elles connaissent la valeur de chaque feuille qui existe dans la forêt — ce sont les habitants et les propriétaires traditionnels de la forêt… Nous devons leur confier aujourd’hui la responsabilité de veiller à ce que leurs communautés continuent à préserver la forêt et la faune ».
Pour leur part, les Chefs suprêmes Kanneh de Sierra Leone et Try du Liberia ont réaffirmé leur volonté d’œuvrer avec toutes les parties prenantes en vue de préserver la forêt, avec la perspective que tous les intervenants de ce projet honoreraient leurs engagements et détermineraient la voie à suivre ensemble.
« C’est un évènement de très grande importance, mais le processus qui en découlera est ce qui compte réellement, » a ajouté Kanneh. « Ce protocole d’accord, je crois, vise à nous faire comprendre que nos destins sont liés de manière inextricable, que notre avenir est le même pour chacun de nous et que celui de nos enfants est en jeu ».